Mon fils de douze est fan du jeu d’échec. Il s’est donc inscrit dans une association pour en apprendre plus. Très souvent à la maison le jeu d’échec est mis à contribution et tout le monde y participe volontiers.
Et si on jouait ?
Ce soir là, il m’a demandé de jouer, ce que j’ai volontiers accepté. Maîtrisant bien mieux que moi ce jeu et ayant acquis certaines stratégies, il gagne à chaque fois. Après m’être fait déplumer mes pions un à un, mon roi faisait grise mine. Maman qui avait encore du pain sur la planche a voulu coupé court et a dit : c’est bon tu as gagné ! Mais fiston a insisté pour que je finisse la partie perdue d’avance en me disant qu’aux échecs on lui avait appris à toujours finir une partie. Ce qui était tout à son honneur, sauf que moi je n’en avais ni le temps, ni l’envie ! J’ai donc de nouveau coupé court, mais mon fils a insisté, insisté, insisté à un point où le stress est monté en moi. J’ai fini par lui expliquer que ça ne me motivait pas du tout pour rejouer avec lui une prochaine fois et surtout qu’il gâchait le plaisir. Mais mon fils ne l’entendait pas de cette façon : la règle c’est la règle ! Énervée, je me suis levée pour finir de ranger ma cuisine et enfin attaquer mon boulot.
Et si son attitude cachait un besoin non-satisfait ?
Tout en l’entendant marmonner à distance, j’ai pris un peu de recul et j’ai compris qu’au delà de la règle, ce qu’il voulait c’était passer du temps en solo avec sa maman. Je suis donc repartie le voir en lui formulant son besoin que je pensais avoir compris. “Tu sais fiston, je comprends que aime passer du temps avec moi, et j’ai la sensation que tu aurais aimé refaire une autre partie, mais que par crainte de mon refus, tu as préféré faire durer celle-ci”. Et j’avais vu juste ! Je lui ai alors expliqué qu’il était préférable d’exprimer autrement son besoin et qu’une phrase du genre “Maman, j’aime beaucoup jouer avec toi, j’aimerai vraiment que tu refasses une dernière partie s’il te plait“, était bien plus efficace que la stratégie qu’il avait mise en place ! La tension est de suite redescendue lorsque je lui ai proposé une partie rapide de dame. Tant pis pour mon boulot, la relation avec mon fils est bien plus importante que tout le reste.
Comment réagir face à une réaction disproportionnée ?
Certains enfants ont du mal à formuler leur besoins ou leur émotions. Leur attitude qui en découle peut parfois nous agacer au plus haut point. Mais dans ces moments-là, il faut garder notre self-contrôle et prendre de la hauteur. Essayer de comprendre le besoin qui se cache derrière son attitude dérangeante et lui formuler. Avec le temps il apprendra à mieux formuler ses besoins.
Depuis cette petite altercation nous avons eu l’occasion de rejouer ensemble, et croyez-moi qu’il avait bien retenu la leçon. Il m’expliquait avec davantage de tact les règles transformant l’échec en apprentissage constructif. Il m’a ensuite re-proposé une autre partie, ce que j’ai décliné en lui expliquant mes besoins tout en lui promettant une autre partie si j’arrivais au bout des objectifs que je m’étais fixés.