La pédagogie Freinet met énormément l’accent sur l’autonomie de l’enfant et sa capacité à se perfectionner dès lors qu’il s’attaque à un sujet qui le passionne. Dans cet article je vous propose de découvrir l’entrée en grammaire avec une méthode naturelle.
1. Communiquer :
L’enfant est amené au cours du temps à écrire, pour communiquer et partager avec le monde environnant. Avant qu’internet n’existe, écrire des lettres était très courant. Aujourd’hui, mis à part pour l’administratif, cela se fait de moins en moins sur papier. Mais cela n’a pas disparu pour autant car le besoin de communiquer, lui, est toujours aussi présent mais via d’autres moyens. Vous connaissez déjà tous ces moyens mais je vais tout de même me permettre de les lister ici :
- texto
- vidéo
- réseaux sociaux
On peut déplorer une chose de nos jours, c’est que si les moyens de communication se sont démultipliés, les fautes d’orthographe, de grammaire et d’expression aussi ! Les textos façon ” jecri just pour te dir que jariv” se sont démultipliés et deviennent tellement monnaie courante que plus personne ne s’arrache les cheveux en voyant ces fautes et pire encore : on en oublie même nos règles d’orthographe et de grammaire.
2. Face aux erreurs de langage, que faire ?
Quelle est la solution ? Dur de dire qu’il y a une qui fonctionne à tous les coup, parce qu’il y aura toujours un enfant sur lequel ça ne fonctionnera pas, un enfant qui sera réticent face à l’écriture. Ce qui est difficile en IEF, c’est qu’il n’y a pas ce groupe social, le groupe classe pour stimuler l’écrit. Dire que ça se fait spontanément ce n’est pas toujours vrai. Dire que ça se fera un jour ou l’autre c’est fort possible, mais avons nous le temps avec les inspections académiques ? Ou plutôt avons nous le droit d’attendre jusqu’au 12 ans de l’enfant ? Ou tout simplement en avons-nous l’envie ? On est d’accord que dans le monde actuel, c’est de plus en plus difficilement réalisable.
J’ai deux enfants extrêmement réticents face à l’écriture, je sais donc de quoi je parle. Deux profils très différents qui n’ont donc pas été traités de la même façon. Je vais donc vous compter leur histoire.
3. Les difficultés de mes enfants face au langage
a. Ryad :
Le premier âgé aujourd’hui de 11 ans a été diagnostiqué dyslexique et a donc en horreur le français qui lui rappelle ses difficultés. Écrire lui demande un énorme effort et l’image qu’il avait de lui après sa déscolarisation en CE1 était déplorable. Ces mots étaient extrêmement durs : “je suis nul” me disait-il. Il s’était donc réfugié dans un symptôme communément appelé “paresse” qui lui permettait de camoufler ses craintes face à l’échec.
Mon premier travail a donc été de valoriser ses compétences, le laisser affiner ses capacités et s’épanouir dans ses domaines de prédilection comme le dessin et la cuisine. En parallèle, je valorisais son moindre passage à l’écrit, lui écrivais des petits mots sur des bandelettes de papier, et lui créais un cahier d’écrivain avec la possibilité de raconter l’histoire qu’il voulait.
Mais je ne vous cache pas qu’à un moment donné j’ai du un peu l’y pousser par peur qu’il ne s’enferme dans ses peurs et ses difficultés. Et je ne le regrette pas. J’ai saisi la moindre occasion qui se présentait pour lui rappeler qu’un échec était positif, que l’on était tous différents et qu’on avait des aptitudes différentes. Aujourd’hui il m’écrit parfois spontanément des petites phrases sur papier pour me faire des demandes 🙂 Merci Freinet !
b. Pablo Pineda
L’exemple le plus marquant a été celui de Pablo Pineda, atteint de la trisomie 21. Toutefois, cet homme né en 1974, a été acteur, a obtenu son diplôme en psychopédagogie et travaille en tant que conseiller coach auprès des personnes en situation d’handicap. Dans la vidéo ci-dessous, il explique qu’avoir le syndrome de Down n’est pas une maladie, mais c’est simplement être différent avec des aptitudes différentes, ce qui ne fait pas de lui un malade !
Quel exemple plus motivant que celui-ci ?
c. Réda :
Réda a 9 ans aujourd’hui et ne rencontre pas de difficultés particulières dans les apprentissages si ce n’est un rapport face à l’effort assez déconcertant. Il se décourage extrêmement vite et veut tout réussir du premier coup, ce qui bien évidemment est impossible. Il a de nombreuses peurs assez irraisonnées qui, si je les laisse s’installer, peuvent même lui provoquer des crises d’angoisse. Difficile à croire ? Voilà une anecdote :
Dans son enfance, il a du faire un séjour à l’hôpital en raison de crises d’asthme assez poussées. Il a été déterminé par la suite qu’il était allergique aux acariens et que la présence d’un chat récupéré dans la rue avait certainement augmenter leur quantité présente. Mais voilà, mon fils dans sa tête s’était persuadé qu’il était allergique aux chats. La vision de ces derniers provoquait des crises d’angoisse à en faire paniquer n’importe quelle mère.
Aujourd’hui nous avons un chat et il n’a aucune crise d’asthme, mais si je ne l’avais pas confronté fasse à ses peurs et accompagné à travers celles-ci, il serait très certainement encore terrorisé. Ses apprentissages posent donc le même souci. Si je ne l’invite pas régulièrement à écrire et l’y poussant un peu en lui mettant des objectifs, alors il restera dans ses blocages et n’essaiera pas de progresser. Il en est de même pour tout.
Mon rôle à moi est donc de l’accompagner à travers ce qu’il aime et de lui faire découvrir les plaisirs de l’écriture de diverses manières et surtout pas de façon traditionnelle. Pour lui ce fut à travers la cuisine et le blog.
4. La méthode Freinet au naturel
Pour les aider à avancer dans le langage, j’ai donc choisi de coupler la méthode Freinet avec les outils de la pédagogie Montessori. Quel le principe ?
L’enfant écrit un texte et avec son accord au préalable, je souligne les fautes de ce texte à l’aide d’un code. Si vous ne partez de rien alors vous établirez ce code au fur et à mesure. Vous choisirez ensuite avec l’enfant votre code correction correspondant à la faute expliquée. Cliquez sur les images pour les agrandir.
Comme vous pouvez le constater, au fur et à mesure des découvertes, ce code va s’étoffer. L’enfant va essayer dans un premier temps de s’auto-corriger en s’appuyant sur le conseil qui se trouve en face de chaque code. S’il ne trouve pas la solution, alors c’est moi qui lui expliquerait. Ce sera donc une leçon totalement improvisée.
Je prends des notes, j’explique, puis je remets tout cela au propre afin de constituer le livret de grammaire de l’enfant. Ce livret lui permettra par la suite de revoir la règle de grammaire ou d’orthographe si lors d’un prochain écrit il l’a oubliée. Cliquez sur l’image ci-dessous pour l’agrandir.
Pour expliquer certaines notions de grammaire, j’aime bien m’appuyer sur la méthode Montessori car je la trouve très simple à la compréhension.
Ce qui est intéressant dans cette méthode, c’est qu’il y a un sens ici à faire la leçon de grammaire car elle répond à un besoin : orthographier correctement le texte afin de le publier sur le blog, obtenir de la visibilité sur internet et partager son savoir !